Le 5 décembre, le chancelier du Saint-Siège de Saint-Etchmiadzine, l’archevêque Arshak Khachatrian, a été placé en détention provisoire pour une durée de deux mois. L’information a été communiquée par son avocat, Arsen Babayan, via une publication sur sa page Facebook.
Le tribunal, présidé par le juge Massis Melkonian, a fait droit à la requête de l’enquêteur en ordonnant l’incarcération comme mesure de sûreté.
Auparavant, Me Babayan avait indiqué que l’archevêque Arshak Khachatrian avait été interpellé par le Service de sécurité nationale (SSN) dans l’enceinte du Comité d’enquête.
Selon l’avocat, le chancelier est accusé d’avoir, en 2018, fait placer des stupéfiants par l’un de ses collaborateurs dans le sac à dos d’un participant aux manifestations contre le Catholicos, dans le but de le discréditer.
De son côté, le Comité d’enquête a fait savoir que des poursuites pénales ont été engagées contre l’ecclésiastique, en vertu de l’article 393, partie 2, points 1 et 4 du Code pénal arménien (circulation illégale de stupéfiants commise par un groupe de personnes avec entente préalable dans un lieu public).
Le Saint-Siège de Saint-Etchmiadzine a publié une déclaration condamnant fermement la mise en détention de l’archevêque Arshak.
« Le Saint-Siège de Saint-Etchmiadzine condamne fermement l’arrestation, le 4 décembre, du Chancelier du Saint-Siège, Son Éminence l’archevêque Arshak Khatchatrian, sur la base d’accusations inventées et infondées, ainsi que la mesure de détention appliquée à son encontre par le tribunal.
Cette action est l’expression des répressions déclenchées récemment contre l’Église et la poursuite du processus de persécution politique à l’encontre des ecclésiastiques. L’incarcération de hauts dignitaires religieux sous des accusations fabriquées de toutes pièces est une nouvelle manifestation de la politique anti-ecclésiale des autorités et du discours de haine dirigé contre les hommes d’Église.
Le Saint-Siège de Saint-Etchmiadzine exige l’arrêt immédiat des persécutions illégales contre l’archevêque Arshak Khatchatrian et les autres ecclésiastiques emprisonnés, ainsi que le rétablissement de leurs droits violés », indique la déclaration.
Le Catholicos de tous les Arméniens, Karékine II, a regagné l’Arménie dans la soirée du 6 décembre, au terme d’un déplacement en Suisse et en France. À l’aéroport Zvartnots, il a été accueilli par un groupe de citoyens scandant « Vé-ha-par ! » (Sa Sainteté).
Remerciant la foule pour son soutien, le Catholicos s’est adressé aux citoyens : « Alors que nous nous trouvions à Marseille, nous avons appris la triste nouvelle de l’arrestation de l’archevêque Arshak, sous le coup d’accusations infondées et montées de toutes pièces, suivie d’une détention de deux mois dictée par une justice aux ordres. »
Karékine II a rappelé avoir maintes fois exhorté les autorités, par le biais de messages et de déclarations, à mettre un terme aux actions anticléricales et aux répressions.
« Nous croyons qu’avec vous, chers fils de la nation, nous parviendrons à rétablir la justice, la vérité, l’amour, la paix et la solidarité comme valeurs suprêmes et fondements de la vie de notre peuple », a assuré le Catholicos, exprimant sa conviction que, par la volonté de Dieu, ces temps difficiles seront surmontés.
Par la suite, le Patriarche et la foule rassemblée ont prié pour tous les ecclésiastiques privés de liberté, pour l’homme d’affaires Samvel Karapetian, ainsi que pour tous les « enfants [de la nation] détenus illégalement ».
Il convient de rappeler que depuis le mois de mai, le Premier ministre Nikol Pachinian soutient que le Catholicos a rompu ses vœux monastiques et doit démissionner. Cette semaine encore, depuis la tribune du Parlement, il a accusé le chef de l’Église d’être un agent de l’étranger.
« Je n’ai pas besoin d’un Catholicos qui me soit soumis ; j’ai besoin d’un Catholicos qui ne se soumette pas à un lieutenant-colonel de services secrets étrangers et qui ne fasse pas de rapport quotidien aux agents de services secrets étrangers », a déclaré Nikol Pachinian.